Todorov, Tzvetan, Los aventureros del absoluto, Barcelona, Galaxia Gutenberg Círculo de lectores, 2007, p. 79. Trad. José maría Ridao
“Autour de l’an 2000, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas passer le reste de ma vie en jugeant tout avec les lunettes du garçon qui avait vécu dans le monde totalitaire, qui lui permettaient d’être heureux, politiquement parlant, simplement du fait que ce n’était pas du totalitarisme. Je me suis rendu compte que mes contemporains ne pouvaient pas être heureux du simple fait que Paris ce n’était pas Moscou, ou pas Sofia. Il y avait d’autres problèmes, et ces autres problèmes me concernaient aussi. Je vivais depuis longtemps en citoyen français, c’est mon pays, je n’en ai pas d’autre. Mon intérêt s’était ouvert de plus en plus dans le monde dans lequel je vivais, ce monde des démocraties libérales occidentales.”
"Je ne crois pas qu’il y a un vrai moi quelque part en nous, qui attend bien tapi pour se révéler pourvu que le censeur ne lui tape pas dessus pendant ce temps. Je crois que nous sommes très fortement créés, construits, en fonction d’un contexte, d’une demande, et que le vrai moi c’est une illusion de plus. En réalité il y a une série de constructions. Et pour moi la construction humaniste est venu à mon insu, lorsque dans les années 80 (...) j’ai écrit mon premier livre d’histoire des idées, qui s’appelle « Nous et les autres ». C’était un ouvrage qui portait sur la pluralité des cultures telle que l’avait analysée la tradition française. J’ai donc étudié des auteurs depuis Montaigne (…) jusqu'à Levi-Strauss. J’ai essayé de voir comment ces auteurs ont traité cette question difficile pour nous aujourd’hui encore : qui est, unité de l’humanité mais pluralité des cultures. Dans cette série d’auteurs j’ai découvert que ceux dont je me sentais le plus proche, c’était les humanistes."